Entendons nous bien, j’ai moi aussi des remarques et critiques sur l’article, je ne suis pas d’accord avec tout, mais j’ai trouvé l’article intéressant, j’ai pensé qu’il pouvait lancer un débat, amener de la discussion, de la réflexivité sur le Legacy. J’ai eu envie de le partager.
Mais :
vous y allez un peu fort messieurs Sea R Hill et Malhorn je trouve.
Malhorn : « mauvais joueurs de Magic », « d’avantage de travail et de rigueur », « un échec »
Sea R Hill : « tu n'es pas plus sociologue que moi », « l'article n'est pas vraiment à la hauteur», « faux archi faux menteur menteur »
Je conçois la critique, aussi virulente soit elle, tant qu’elle est fondée. D’ailleurs les critiques les plus virulentes sont souvent celles qui s’attaquent à des questions de fond, celles qui énoncent d’autres points de vue et viennent contredire en apportant des arguments plus pertinents. Pourtant là, vos critiques restent bien en surface je trouve, et se permettent un ton douteux, peut-être pour compenser la faiblesse de l’argumentaire.
Vous ne faites qu’un enchainement de jugements égocentrés, qui reprennent quelques points de l’article (souvent hors du contexte) en invoquant des arguments personnels (« quand j'étais ado… », « j'aime simplement l'esthétique de ces cartes… ») , le tout accompagné d’assertions venues d’on ne sait où (« tout le monde le sait bien », « d'ailleurs souvent les joueurs qui pimpent le plus sont considérés comme les moins sérieux »).
L’auteur parle d’un contexte particulier (les tournois d’une boutique parisienne, le mardi). Et sur la base de ses observations, se pose des questions et essaie de comprendre ce qu’il voit. Vous pouvez donc l’attaquer sur deux points :
1 - il observe mal (ce qu’il a vu n’est pas la réalité, ce n’est pas ça la communauté Legacy)
2 - il fait de mauvaises conclusions (les conclusions sur ses observations n’expliquent pas bien la réalité)
Critiquer le reste, c’est je crois passer à côté de l’article, et se poser en donneur de leçons. C’est aussi possible, mais ça reste basique et ne mérite pas ce ton vitriolé.
Concernant le point 1 (observation), je suis assez d’accord avec l’auteur. Si sans être connu dans le monde du Legacy parisien, vous jouez un deck Budget ou Maison, vous êtes très vite catalogué comme Noob, Pimpin, Kevin… (la richesse du vocabulaire montre bien l’importance du stigmate). Certains joueurs resteront « sport », d’autres vous le feront sentir. Et si vous gagnez, il y a de bonnes chances pour que l’adversaire s’énerve, allant du simple soupir révélateur à des remarques carrément
border line.
Concernant le point 2 (les conclusions), je suis partiellement d’accord avec la thèse de Denis, j’ai quelques réserves concernant l’importance du Pimp dans le classement du joueur dans son milieu (« l’arène »).
Sea R Hill je crois que tu n’as pas bien compris l’article en disant : « La valeur d'un deck n'a jamais fait la valeur d'un joueur ». Pimper son deck n’a jamais fait mieux jouer, je suis d’accord avec toi, et l’auteur le serait sûrement. Car il ne s’agit pas ici de mesurer la « valeur d’un joueur », soit en clair sa capacité à gagner (Skill), mais plutôt sa place, sa valeur, en tant qu’individu dans une communauté. En d’autre termes sa légitimité sociale à être dans une communauté, et de façon plus pompeuse et sociologique, sa capacité à ne pas « perdre la face » comme le dirait Erving Goffman. Tu as je crois pris pour résultat ce qui n’est qu’un des paramètres d’une équation amenant à un autre résultat, plus général : comment s’évaluent les joueurs au sein de leur communauté.
Comme l’auteur, j’ai aussi l’impression que jouer à Magic en tournoi boutique, en semaine, c’est être dans une « arène », dans laquelle plusieurs paramètres entrent en ligne :
I - habilité du joueur (Skill)
II - niveau du deck (tiers 1, 2, 3)
III - prix du deck (Pimp)
Ces trois paramètres « classent » le joueur. Là où j’émettrais des nuances, c’est sur le point III (Pimp). Autant je suis d’accord pour dire que les points I et II classent les joueurs, pour le point III, cela ne me semble pas vrai de façon générale, mais possible dans certains cas particuliers. J’en viens donc à ce point III, qui est quand même au cœur du débat : le Pimp
Cette pratique me dépasse un peu. Prendre en photo ses pages de classeur premium pour les poster sur un forum me semble aussi ridicule que de prendre en photo sa Clio tunée pour la montrer à ses potes (vous jugerez vous-même du niveau de ridicule, je n’émets aucun jugement de valeur ici).
Alors certes, il peut y avoir une dimension affective avec le Pimp, vous l’avez dit, et je suis entièrement d’accord vous Sea R Hill et Malhorn. D’ailleurs, le seul Pimp que je m’autorise, ce sont des terrains de base Alpha/Beta dans mes decks, par ce que ça me rappelle mes premières parties de Magic. Mais cette dimension affective est un faux argument je crois, qui ne reflète qu’une toute petite partie de la réalité. Le Pimp, ça me semble plus être avoir des Tarmo Foils MM, ou un Batterskull Foil Coréen (si ça existe…). Alors à moins d’être né en 2013, ou en Corée, je ne vois pas ici la dimension affective.
Comment expliquer le Pimp alors ? Parce que c’est plus beau ? Je ne suis pas sûr qu’une Jitte Jap’ sera plus belle qu’une Jitte Allemande ou chinoise. Non, je crois que le Pimp, c’est la recherche du rare, et peut être et surtout du cher (comme signe distinctif). En clair, de ce qui permet de se démarquer et de ce qui peut susciter de l’admiration (chez certains). En fait on pourrait très bien caractériser cela avec un graphique d’échelle sociale à la Bourdieu, avec trois entrées : Skill/Pimp/Tiers Deck. J’arrête mes délires.
Tout ça pour dire que l’idée de l’auteur, à savoir penser Magic sur trois niveaux (Skill/Pimp/Deck), me semble pertinente. Et qu’en effet, jouer à Magic, c’est être dans une « arène sociale » (ou appelez ça comme vous voulez), dans laquelle vous allez évaluer votre adversaire, suivant au moins deux paramètres (Skill/Deck) et peut être sur le troisième (Pimp). Reprenons l’exemple particulier de l’auteur : il joue Mono B Réanimator et gagne. Son adversaire s’indigne, s’affole, le dénigre. Maintenant, si c’était Sea R Hill (bien connu dans le milieu, à juste titre pour ses titres et son skill) qui jouait le Pack, il y a fort à parier que l’adversaire en question (connaissant Sea R Hill), aurait juste dit « bien joué », et peut être « c’est un deck un peu random, mais c’est vrai que quand ça part en combo ça fait mal ». Maintenant imaginons que c’est de nouveau l’auteur de l’article (joueur peu connu du Legacy, facilement catalogable en « Pimpin ») qui joue Mono B Réa, mais fool foil Jap’, avec exclusivement des marais guru land. Il y a aussi fort à parier que son adversaire ne l’aurait pas pris de haut comme il l’a fait. Il aurait peut être critiqué le deck, mais je suis convaincu qu’il aurait eu beaucoup plus de retenue. Le Pimp a donc déplacé socialement, au sein de la communauté, le joueur.
Jouer Pimp, ça fait « sérieux », ça ne veut pas dire qu’on l’est. Mais si un adversaire joue un Mono B basic, ou un Mono B Pimp à 5000€, je vais avoir une perception différente de lui, et cela même si je pense en tant que joueur (et pas en tant que Pimpeur). Je peux me dire : « il est possible qu’il maitrise bien le deck et soit skillé, que ce soit un joueur reconnu que je ne connais pas forcement, parce qu’
a priori s’il joue ce deck, ce n’est pas pour des questions budgétaires, mais bien parce qu’il l’a choisi ». Peut être qu’il sera nul, un vrai Pimpin, qu’il aura trouvé le deck dans une poubelle, mais
a priori, toutes choses égales par ailleurs, je l’aurais
un peu plus pris au sérieux que s’il avait joué une version cheap du Deck. Et donc
un peu plus pris au sérieux en tant que membre de la communauté Legacy. Le point III (Pimp) est donc négligeable, mais non nul. CQFD ?
Je terminerai avec la citation de Malhorn : « Un con qui marche va plus loin qu'un penseur assis. »
Modifié par Yoan42, 22 September 2013 - 09:07 .