Gagner à Magic pour les nuls
Attention, ce guide ne concerne pas les joueurs d'elves qui n'en ont comme chacun le sait aucun besoin. Je tiens également à m'excuser auprès des joueurs de burn, belcher, merfolks, sneak and show pour les blagues potaches concernant leur pet deck, mais en vérité je le pense vraiment .
Je lis beaucoup d'articles permettant de développer son skill à Magic. Cela dit la communauté magicienne comporte finalement dans sa grande majorité des cancres.Ces articles écrits par l'élite nous sont-il vraiment profitables, nécessaires? Si vous aussi faites partie de cette masse de mages qui regardent avec envie les beaux et fringants top8ers de votre boutique, région, pays cet article est, enfin, fait pour vous ! Grâce à ce guide simplifié vous pourrez enfin gagner autrement que par byes, crâner devant ceux de vos team-mate qui ne l'auront pas lu, et même emballer des nanas aussi canon que Jessica Alba.
1. La chance à Magic.
Il existe un rituel maya très ancien permettant de s'attirer le bon œil. Il vous faudra un concombre bien ferme, quelques tranches d'oreilles de teckel fumé et un vestige d'un ancien texte religieux disponible dans tout bon musée national qui se respecte. Si vous ne craignez pas de mettre à l'épreuve votre virilité et de commettre un acte répréhensible aux yeux de la loi et de Dieu je peux vous transmettre le cérémonial qui vous permettra contre un peu de souffrance de remporter sans opposition tous vos tournois !
J'entends trop souvent encore des joueurs râler sur le facteur chance, le baba déchatte etc. A mon sens Magic comporte certes un facteur chance mais bien trop faible pour être pris en compte sérieusement dans les raisons d'une défaite, et surtout sur un grand échantillon. Je pense notamment à ces joueurs que vous connaissez bien et qui râlent sans arrêt sur le méta, le deck, une carte, et qui ne perfent jamais ou trop peu. Nous avons tendance à raisonner à l'envers et confondre causes et conséquences. Cela change absolument tout dans l'analyse d'une défaite, faussant également la capacité à en tirer des leçons et à ne pas les commettre à nouveau à l'avenir. Nous sommes perfectibles, et l'intelligence c'est notamment d'apprendre de ses erreurs. Un bon joueur est un joueur ayant commis énormément d'erreurs, mais ne les ayant pas répété.
Dernièrement après un joli run où je gagne un Open avec Merfolks je tente de remettre le couvert au BAC. Je prends deux decks punishing et concède sur ces deux défaites. En parlant avec d'autres joueurs beaucoup m'ont dit « ce n'est pas de ta faute, tu n'as pas eu de chance au pairing » etc. C'est faux. En vérité j'aurais eu de la chance si j'avais rencontré des Mus bleu toute la journée. La véritable raison de ma défaite cuisante n'est pas liée à la malchance mais à l'incapacité de ma liste à lutter efficacement contre une combo punishing fire+grove of the burnwillows assemblée en early game accompagnée de decay et autres antibêtes et disrupt. Le choix de deck et liste était métagamé et risqué, il n'a pas été rewarded. La chance n'a ici aucune incidence.
Plus récemment en pauper un ami me dit « j'ai failli mourir parce que je n'arrivais pas à toucher mon 6ème land malgré plein de draws etc, c'est abusé ! ». En vérité l'anomalie repérable ce n'est pas de rester bloqué à 5lands malgré les piocheurs, le nombre de lands et manipulateurs de bibliothèque, mais plutôt la nécessité d'avoir besoin de 6 land drop pour que le deck fonctionne correctement, surtout lorsque l'on affronte un aggro. Certes la liste est cohérente et joue des cartes pour atteindre cet objectif, mais tabler sur un plan de jeu dépendant de ce sixième land drop n'en fait pas moins une faiblesse sérieuse pour l'archétype, ou du moins un pari pas toujours payant, la preuve.
Plus généralement les joueurs trouvent souvent de mauvaises excuses quant à leurs défaites. « Tu es chattard de me battre alors que je joue Xremoval et Xcontres, et si j'avais un tour de plus blablabla ». Cela n'est pas constructif, et généralement faux. On ne peut pas prévoir une game de Magic en empilant les out de chacun. Ce jeu est interactif. La donnée « opponent » chamboule tous les plans. Il y a ceux qui sont capables de s'adapter et de gagner, et les autres. Vous ne jouez pas contre une chaise (sauf si vous runnez show and sneack mais ce guide n'est alors pas nécessaire, pas plus que votre cerveau d'ailleurs). Certes vous pouvez avoir des réponses, mais votre adversaire aussi. C'est une donnée essentielle dans Magic et une des raisons qui me fait détester les capacités « incontrables » « split second » etc, mais ceci est un autre sujet.
Si vous tenez à gagner, comprenez déjà pourquoi vous perdez.
2. Des titans et des fourmis.
Je n'entrerais pas dans le débat pour savoir si toutes les civilisations se valent. Ce qui est certain en tout cas c'est que tous les joueurs de Magic eux ne se valent pas ! Hé oui c'est malheureux mais quand des stars comme Raphael Levy, Marijn Lybaert ou encore Shahar Shenhar cumulent les victoires de pauvres mortels comme vous et moi se contentent des basses réjouissances d'un J2 de gp ou d'un top8 de tournoi boutique. Les hautes places du classement sont réservées aux meilleurs joueurs. Si vous n'êtes pas dans ces top8, vous n'êtes pas un bon joueur. Ce n'est pas si grave après tout, Magic est un jeu qui nécessite des gagnants et des perdants, et le gain n'est pas la seule source de plaisir, la principale étant encore le jeu. L'important c'est d'en prendre conscience.
Vous n'êtes pas un bon joueur ? Parfait, cet article est fait pour vous. Vous désirez gagner malgré tout ? Continuez à lire. Je ne suis personnellement pas un bon joueur. Au mieux je me considère comme un joueur moyen voire moyen/bon. Cela dit j'ai la chance de perfer régulièrement malgré un temps de jeu quasi inexistant et une expérience de magic très récente. Pourquoi ? Parce que je connais mes faiblesses et mes forces. Vous devez pour cela trouver quels sont vos atouts et les mettre à profit.
Afin d'avancer dans votre carrière de magicien il est nécessaire de savoir estimer avec justesse votre niveau et vos atouts/défauts. Soyez honnête envers vous, et envers vos adversaires.
Mettez de côté votre orgueil, il ne fera jamais que vous desservir, et pas qu'à Magic.
3. Le deck de ta sœur !
Tout d'abord le deck que vous allez jouer est primordiale pour maximiser vos chances de gain lors d'un tournoi. A partir de là il faut distinguer deux éléments :
-Quel deck doit être joué dans ce métagame ?
-Quel deck dois-je jouer ?
Sentir le métagame est un don primordial à Magic. Vous n'avez pas besoin de le posséder, vous pouvez trouver quelqu'un qui l'a et vous en remettre à lui. LF propose d'ailleurs une section "que dois-je jouer dans mon métagame" et je m'étonne toujours de la voir si peu sollicitée. Ensuite malgré cette anticipation jouer le deck qui breack le format n'est pas forcément l'idée du siècle. N'oublions pas que nos qualités de joueurs sont fragiles. Ainsi si le deck à jouer est Storm alors que nous ne sommes pas du tout à l'aise avec storm ne le jouons pas. Si le deck à jouer est très skill dépendant (TT, Esper) passez votre tour. Je le rappelle : nous ne pouvons pas nous targuer d'avoir du skill et donc nous ne pouvons pas compter dessus pour remporter le gain. Les basses tables sont remplies de très bons decks RUG/BUG etc pilotés par de mauvais joueurs. Vous avez choisi de ne plus en faire partie donc laissez les vrais decks aux vrais joueurs et avançons !
Classiquement un joueur sans skill essayera de trouver un deck qu'il sait jouer et qui soit bien positionné dans le métagame. Les chances de reward à ce niveau seront moyennes (le manque de skill même sur un deck bien positionné reste un handicap).
Le plus productif est de trouver le deck de sortie qui break le format (le meilleur deck du format, typiquement elves) ET ne demande pas de skill (donc pas elves mais tous les autres decks du legacy). C'est un jeu de pile ou face. Ce genre de deck s'appelle Belcher, Merfolk, burn, et j'en passe. A certains moments T et dans un métagame M si les pairings se passent bien vous écraserez tout le monde malgré votre manque de skill. Ce genre de deck est très permissif à partir du moment où vous avez des byes et des MU ingagnables.
Jouer un deck de chattard en puissance est une option plus qu'envisageable selon votre niveau. Vous ne savez pas jouer vos propres cartes, vous ignorez que ponder est un rituel ? Jouez un deck débile (show and sneack, belcher) ! Pour vérifier la viabilité de l'archétype faîtes-le jouer par quelqu'un qui est soit profondément idiot, soit ignorant de Magic. Si ce dernier parvient à gagner vous avez tiré le bon numéro.
Votre état mental doit influer également sur le type de deck que vous allez jouer. Si le tournoi est long, que vous serez en manque de sommeil ou encore alcoolisé ne vous essayez pas à un deck complexe. Mieux vaut prendre un deck auto pilote que de laisser votre avion s'écraser parce que vous vous êtes endormi dans le cockpit.
Je ne saurais que trop conseiller un deck qui demande très peu de choix à faire dans la game. Plus la gamme des choix sera grande et variable et plus vous perdrez de la marge de gain sur un joueur meilleur que vous. C'est une des raisons qui me pousse à vous conseiller de fuir à tout prix les Aggro-contrôle. Vous ne voulez pas avoir une chance contre tous les decks, vous voulez être sûr de gagner contre une part de la salle et ne pas vous planter en faisant un play foireux.
Ne vous faîtes pas confiance, faîtes plutôt confiance à votre deck.
4. Moïse découvrit les 75, et Dieu en fut ravi.
Enfin la partie la plus importante : le deckbuilding. Si vous n'êtes pas un bon joueur vous devez absolument compenser en jouant la bonne liste de votre archétype. Cela implique également d'en comprendre les choix, les plans de jeu et surtout, je n'insisterai jamais assez là-dessus, les plans de side. Les parties sidées représentent plus de parties que celles jouées sans side. Si vous ne maîtrisez pas bien vos side tech, que votre side n'est pas adapté vous irez droit dans le mur.
N'est pas deckbuilder qui veut, si vous n'êtes pas de ceux-là encore une fois trouvez quelqu'un qui l'est et pillez-le ! Les team servent à cela. Une bonne team ce sont des joueurs disponibles (pour vous) et surtout aux talents suffisamment variés pour que chacun puisse en tirer avantage (surtout vous). Si vous n'êtes pas à l'aise avec une liste parce que vous ne la comprenez pas revenez à quelque chose de plus basique. Mieux vaut maîtriser une liste simple que de patauger avec des cartes qu'on ne sait pas jouer. N'hésitez pas à netdecker sur le forum ou sur mtgtop8. C'est humble et surtout intelligent de jouer les 75cartes qui ont perfé plutôt que de s'aventurer dans un exercice que l'on ne maîtrise pas.
Pour exemple je prends souvent celui de RG ramp que j'ai joué pendant longtemps en t2 avec un ratio de victoire assez hallucinant. Quand j'ai pris la liste de Kibler du pt Honolulu certains slots m'ont semblé immédiatement inférieurs à d'autres possibles. Mais je n'ai rien changé. J'ai runné sa liste au slot près pendant plusieurs mois et après tout ce temps j'ai pu me rendre compte du pourquoi du comment. En vérité si j'avais touché à la liste originale mon ratio de victoire aurait dégringolé puisque le pro avait fait les bons choix et le casu que je suis est bien trop ignorant pour avoir raison. Ce n'est pas toujours vrai, mais en général vous pouvez vous fier aux pros qui passent 100fois plus de temps que vous à jouer, qui eux font le circuit pro-tour et ont bien dix fois plus de niveau et de compréhension de mtg que n'importe qui sur ce site à deux ou trois exceptions près.
Les listes tunées sont particulièrement efficientes à partir du moment où l'effet de surprise est bien trop underrated. La plupart des joueurs de Magic se basent sur leur connaissance des archétypes et des listes dites classiques. Pointez-vous avec un ovni et vous avez de bonnes chances de déboîter la moitié de la salle parce qu'ils seront incapables de comprendre votre deck ou adopteront les mauvais plans de jeu. Cela dit cela demande une bonne dose de talent en deckbuilding et surtout une très bonne connaissance du pack. Encore une fois si vous ne l'avez pas n'hésitez pas à vous rapprocher de quelqu'un qui l'a.
Elves a longtemps été un deck sous-estimé et pourtant extrêmement puissant. Aujourd'hui le deck s'étant popularisé les mages savent jouer contre mais je ne compte plus le nombre de parties gagnées grâce à la méconnaissance de mon deck en face. D'autres archétypes tels que dredge ont pu bénéficier de cela.
Plus récemment lors du tournoi LF je me suis mesuré à Orgy et son étrange Bugdeath bidule. A la une je me prends une sortie tempo des familles et je le mets clairement sur BUG delver. Je rentre ma side typique avec l'antigrave pour stalker/tarmo, les perish pour tarmo/DRS et peut être ooze/goose. Tous ces IN m'auraient été bien inutiles à partir du moment où post side il ne runnait pas de tarmo ni de stalker (peut être un ou deux). Et là je me retrouve avec 5/6 cartes mortes dans mon deck. Pire mes perish m'handicapaient plus que lui à partir du moment où cela touchait mes propres DRS que nous jouions tous deux en nombre égal... Voilà une bonne liste qui exploite à fond le principe de surprise.
5. C'est en bûchant qu'on devient bûcheron, et en se mouchant qu'on devient moucheron.
Le skill se gagne. Certes vous ne serez probablement jamais un Sommen ou un LSV (comment ça je compare des œufs de lompe et du caviar?) mais vous pouvez vous en approcher. Pour ce faire il n'existe qu'un moyen et un seul : l'entraînement. Pratiquer sans arrêt vous permettra de prendre une conscience et une connaissance du jeu et de ses mécaniques que vous n'aviez pas auparavant. Mais encore une fois il faut une bonne méthode d'entraînement, mais ceci appartient à un autre sujet.
Connaître les decks que vos adversaires jouent est primordial. N'hésitez pas à vous intéresser aux topics des autres decks du méta et si possible jouez-en quelques un. Passer une défausse sur Storm ne fait pas gagner si vous ne retirez pas ce qu'il faut. Pour le savoir il va vous falloir connaître d'abord le deck adverse pour estimer pleinement quel est son plan et la manière de le contrecarrer.
La pratique est un maître mot dans beaucoup de disciplines, et Magic n'y échappe pas. Malgré les détours déjà proposés plus haut il faudra bien vous y coller un minimum (dixit le type qui joue 4heures par mois).
J'espère que cet article vous aura aidé sinon pour le moins diverti. Que les dieux du pairing et du topdeck soient avec vous, et que vos delvers blindflippent !
Modifié par Malhorn, 16 January 2014 - 01:27 .