Apocalypse666, le Dimanche 24 Avril 2011 à 10:37, dit :
Franchement, y'a pas grand monde qui avoue avoir été trop immature pour comprendre et apprécier les cours qui lui sont proposés en philo au lycée...
Ça rend surement la phrase cocasse ms pas sujette aux moqueries IMO.
Et je te rejoins sur ce point. J’étais moi même trop immature pour comprendre l’importance de l’ensemble des cours dispensé au lycée. En philosophie j’étais un élève plutôt moyen (11 de moyenne) mais je pensais que cette matière était simplement de la masturbation intellectuelle et qu’il suffisait d’avoir un peu d’élégance dans son style rédactionnel pour que cela permette de dire tous et son contraire et ainsi obtenir sans trop d’effort une note acceptable. Cependant, je ne ferai pas peser toute l’importance du manque d’intérêt pour la philosophie au lycée sur l’immaturité des élèves.
Premièrement, je pense qu’une part non négligeable de ce manque d’intérêt découle également de la rigidité des programmes scolaires et de la façon d’enseigner les matières, notamment la philosophie. Il me semble - mais les professeurs ici présents infirmerons ou invaliderons mon propos - que l’une des critiques les plus courantes que les élèves formulent à l’encontre de certaines matières est le manque de pragmatisme ou de matérialité de celle-ci. Les réflexions du type « Mais c’est nul cette matière, elle ne sert à rien ! » ou encore les blagues des humoristes sur les mathématiques ( je pense par exemple à Gad Elmaleh qui se pose la question de l’utilité du compas dans la vie de tous les jours dans
L’autre c’est moi) mais il n’y a pas que les humoristiques qui évoquent le sujet (voir la conférence TED de
Arthur Benjamin) sont, à mon sens, des symptômes évocateurs de ce problème de l’enseignement. En philosophie, je trouve que le programme s’attarde sur des philosophes généralement anciens qui expriment des idées souvent floues qui sont, à mon avis, le fruit du manque d’avancement de la science à leurs époques. Il me semble, que le progrès en matière de philosophique est étroitement lié au progrès en matière de sciences. Et, je considère qu’il y a des concepts philosophiques anciens, qui n’ont plus aucun sens aujourd’hui et qui pour un élève de terminale ne veulent absolument rien dire (attention, je ne suis pas en train de dire que ces anciens concepts sont à mettre à la poubelle, ils participent à l’histoire de la pensée humaine et en cela ils continuent à être intéressant à lire pour comprendre l’évolution de la philosophie, mais par exemple, n’en déplaise à Frolll, le concept « d’élan vital » de Bergson est plutôt obscur et peine à maintenir une cohérence devant les avancées scientifiques notamment dans le domaine de l’évolution biologique). Ainsi, je pense que les élèves voient dans les philosophes simplement de grands rhéteurs qui discourent sans avoir d’influence concrète sur la société, or, je ne pense pas que cela soit vrai.
De plus, il me semble que très peu d’enseignants, mais ici je parle uniquement avec mon expérience personnelle, invite les élèves à réfléchir sur l’importance de leurs matières. Je pense que cela résulte de plusieurs facteurs. D’abord, le biais psychologique avec lequel le professeur arrive devant sa classe. En effet, généralement, l’enseignant connaît l’importance de sa matière et il est peut-être peu enclin à se mettre à la place de ses élèves au sujet de cette question (voire être intolérant avec l’expression de leurs élèves, la petite histoire de Apo sur sa prof de philo pourrait en être un exemple). Je crois que ce problème montre, entre autre chose, l’importance de la pédagogie et met l’accent sur les erreurs en matière de politique éducative piloté par le gouvernement actuel. Ensuite, les exigences en matière de calendrier imposent de fortes contraintes aux enseignants, se qui leurs laissent peu de marche de manœuvre sur le développement, hors cadre du programme, de leurs cours. Et puis, je crois qu’il y a aussi, comme le soulignait très justement Ashalan à la toute fin de son post du 24/04, 12:26, une perte de la valorisation de certains métiers et notamment celui de l’enseignant dans nos sociétés. Quand on voit qu’au plus haute fonction de l’état (
Sarkozy, encore lui) comment l’instituteur est malmené, je pense que cela impacte sur le corps enseignant et sur les hommes et les femmes qui le composent. Je crois que de plus en plus de professeurs voient simplement leurs fonctions comme un « boulot » et qu’ils appliquent uniquement la ligne directrice du programme de leur matière sans essayer d’intéresser plus que cela les élèves.
Après, je pense que tout n’est qu’une question de degré d’importance. Lorsque Strife écrit :
strife2, le Samedi 23 Avril 2011 à 21:04, dit :
[... je] pense que la philosophie c'est de la branlette intellectuelle dont le seul but est de nous faire baisser notre moyenne au bac. [...]
Il me semble qu’il a probablement une part de vraie. La philosophie au lycée permet également une discrimination forte entre les élèves capables d’écrire dans un français et un style propre et travaillé et de motiver par un renforcement de type punitif (la sanction de la note) à la réflexion et à l’argumentation. Maintenant, est-ce le facteur qui est le plus important à l’installation de la philosophie dans le programme de terminale ? Ce point est à discuter.
(Héhé, il est cool ce topic

)
Modifié par Mouarf, 24 April 2011 - 19:10 .